Pompey Story

Mon nom est Kimi… dernier descendant de la famille des Gâ. A l’aube de mes 24 ans, je viens de réaliser que la vie que je mène n’a plus aucun sens. Je me sens seul, perdu dans un monde qui n’est plus le mien mais que j’ai pourtant moi-même forgé. Toutes les vérités n’étaient que mensonges. Tous ces mensonges n’étaient que le reflet du monde dans lequel j’ai vécu. Chaque individu avait ses croyances, ses convictions, ses idéaux… Tout a été balayé avec le souffle de la nouvelle ère.
Longtemps j’ai cru que je me battais pour la bonne cause, celle qui apporterait justice et stabilité à ce monde. Mais je me suis rapidement rendu compte de mes erreurs et j’ai suivi ma propre voie. Etait ce le bon choix ? L’heure n’est plus aux questions car maintenant il est trop tard. Cependant je dois mûrement réfléchir au prochain acte que je vais accomplir. Cela sera le choix le plus important de ma vie et sans doute le dernier. Mais tout se mélange dans ma tête, tout est brouillé. Jamais je n’aurais cru que cela serait si difficile de choisir si près du but !

Pourtant j’ai mené bon nombre de batailles et de guerres, et cela depuis l’âge de 14 ans. J’ai participé aux "Saint Clans’ War"… J’ai survécu à l’invasion… J’ai combattu pour, puis conquis le royaume de Pompey… Je suis devenu l’empereur suprême des Terres Anciennes… et je suis finalement venu à bout de cette guilde de tueurs : la Ghosteam… Malgré ces années d’expériences, le dilemme reste le même pour moi aujourd’hui. En suis je réellement capable ? Moi qui fus jadis un homme, ai-je le droit de faire une telle chose ?
J’ai le pouvoir d’un dieu sans en être un, mais ce que je dis ou ce que je fais est considéré comme divin. Non… je suis tout simplement la "parole divine". J’ai hérité de ce pouvoir dans un but précis. Je ne dois plus hésiter et accomplir l’oracle ! C’est maintenant que je dois…


Les premiers rayons de soleil éclairaient le flanc ouest de la "Colline de la Destinée". Des amoncellements de corps sans vie tapissaient le paysage, de la vallée jusqu’au sommet de la colline. Les traces de la bataille de la veille étaient encore fraîches et tangibles. Au sommet de cette colline de cadavres, se trouvait un homme. Son armure argentée parsemée de sang, sa cape épousant le mouvement du vent, les bras levés au ciel, il récitait des incantations divines.

Son nom était Kimi Gâ, dernier descendant de la famille maudite des Gâ, dernier serviteur du royaume de Pompey, dernier empereur des Terres Anciennes… dernier homme en ce monde… et, dernier héritier du pouvoir divin… de "destruction". Seul face à son destin, il allait décider de l’avenir de ce monde.

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PARTIE 1 : LA GUERRE SAINTE DE CLANS

Le jeune garçon courait à vive allure afin de rejoindre les écuries. Les traits de son visage très fin ne semblaient pas altérer par sa course. Seuls ses cheveux longs, qui lui tombaient normalement sur les épaules, faisaient d’amusants mouvements ascendants et descendants à chacune des ses impulsions. Il arriva à l’entrée des écuries et vit la porte entrebâillée. Se précipitant à l’intérieur, il s’arrêta net.
- Tu es en retard, fit le seigneur Madini Nâ d’une voix calme tout en se relevant. Tu sais très bien que je dois partir pour Pompey aujourd’hui.
- Euh… ah… euh… Excusez-moi seigneur Nâ. Je m’entraînais au maniement des armes avec Borz et il m’a encore battu en duel. Mais un jour ce sera moi qui prendrai le dessus !
- Ah ah ah ah ! Tu es bien impatient mon jeune Kimi. Mais je n’en attends pas moins de toi. Un écuyer digne de ce nom doit savoir se défendre et défendre son seigneur en temps voulu. Mais dis moi, ne t’avais-je pas dit de simplement m’appeler Madi depuis que je t’ai officiellement nommé écuyer ?
- Euh… si seigneur Madi, répondit Kimi en détournant le regard.
- Soit ! Prépare donc ma monture, je dois aller chercher mon arc à la salle d’armes. Je veux que tout soit prêt dans 30 minutes !
Sur ces derniers mots le seigneur Madi quitta les écuries. Kimi le regarda partir avec admiration. Depuis tout petit, il était toujours émerveillé par le charisme et la prestance du seigneur Madi. En effet, Madini Nâ recueillit Kimi lorsqu’il n’était qu’un jeune enfant de 4 ans. Cela se produisit suite à la disparition tragique de la famille Gâ, dont les circonstances restaient très obscures. De nombreuses rumeurs avaient circulé mais personne n’avait été surpris par cet événement. Tout le monde savait que la famille Gâ était maudite. De générations en générations, au moins une personne avait été frappée par une malédiction récurrente : folie, malformations physiques, successions d’évènements surnaturels ou bien encore disparitions de membres de la famille sans aucune raison apparente… Si bien que la famille Gâ finit par vivre retirée du monde, isolée dans une forêt domaniale, dans un petit manoir où ils évitaient tout contact avec l’extérieur. Mais ce qui se produisit la nuit de la disparition de la famille Gâ, était une aberration de la nature. D’après certains témoignages, une lumière blanche et aveuglante apparut soudainement dans le manoir. Des rayons lumineux jaillissaient à perte de vue par les ouvertures de la demeure. Certaines personnes racontaient même qu’ils avaient aperçu des fantômes. Ou plutôt des spectres blancs qui tournoyaient autour du manoir à vive allure, comme s’ils étaient emprisonnés dans une sorte de vortex invisible. Le lendemain, lorsqu’un détachement de l’armée royale de Pompey se rendit sur les lieux, le manoir était en ruines. Il n’y avait plus aucun trace de vie, ou plutôt tous les corps avaient disparu… sauf un : Kimi. Il fut retrouvé couvert de blessures et totalement inconscient.
C’est ainsi que Kimi intégra la famille Nâ. Le seigneur Madini Nâ était un lointain cousin de la mère de Kimi mais sans aucun lien de parenté direct. Ce fut bien malgré lui, qu’il se retrouva en charge de ce jeune enfant. Cependant le seigneur Madini, plus communément appelé Madi par ses proches, était un homme au grand cœur. Il accueillit Kimi et s’occupa de lui tel un membre de sa famille. Les Nâ était une famille de nobles, possédant de nombreuses terres et différents commerces très prospères. Le seigneur Madi, quant à lui, était encore à l’époque le commandeur de la garde royale de Pompey. C’était un formidable stratège de guerre, un incomparable épéiste et surtout le meilleur archer de tout le royaume. Il possédait une technique au delà du commun des mortels ; si bien qu’il hérita du surnom de la "Flèche du Jugement Solennel". Son honneur pour sa famille et son code de la chevalerie firent de lui un chevalier au renom dépassant toutes frontières. De plus son attitude calme et ses manières très nobles et respectueuses forçaient l’admiration de tous. C’était dans des conditions très favorables, avec une bonne instruction, et entouré du seigneur Madi, sa famille et son assistance, que Kimi grandit jusqu’à l’âge de 14 ans en ayant oublié son passé et se qui s’était produit lorsqu’il n’avait que 4 ans.

Le seigneur Madi sortit de la salle d’armes, vêtu d’une tenue blanche avec de magnifiques borderies artisanales aux manches et au niveau du col. Dans son dos, étaient brodées en relief les armoiries de la famille Nâ. A chaque fois qu’il devait se rendre à Pompey, il revêtait ces vêtements. Il fit un signe de la main pour appeler un serviteur. "Dites à Nyna et Shep de rassembler leurs nécessaires et de récupérer le colis". Le serviteur s’exécuta et partit discrètement. En descendant les marches de la terrasse qui menait à la salle d’armes, il aperçut un jeune garçon en bas. Il avait des cheveux courts tout ébouriffés, le visage sal de poussière et de terre et les yeux humidifiés par les larmes.
- Et bien Borzou, que fais tu planté là ? dit Madi en rigolant gaiment. Tu en fais une tête !?
- Pourquoi ? Pourquoi je ne peux pas partir avec vous alors que Kimi vous accompagne ? cria le jeune Borz.
- Ahhhh… soupira Madi. Borz, dit Borz le Loup et surnommé Borzou par ses amis. Serais tu en train de me faire une crise de jalousie ?
- Non !! Mais c’est moi que vous auriez dû choisir comme écuyer. J’ai bien plus de connaissances et surtout plus de talent que Kimi.
- C’est peut-être vrai mais tu n’as aucune manière, fit Madi en souriant. Regarde toi. Tu es sal comme un chiffonnier et ton nez coule comme un petit nourrisson.
- C’est parce que Kimi vient de la famille des Gâ qu’il est autant privilégié !!!
Le sourire et le calme habituel du seigneur Madi disparurent d’un coup. Il lança un regard noir à Borz et pesa ses mots. "Ne prononce plus jamais de telles absurdités devant moi et encore moins devant Kimi ! As-tu bien compris ? Des fois j’ai vraiment du mal à croire que vous ayez le même âge tant la différence de maturité est affligeante". Borz resta sans voix. Il voyait rarement son seigneur prendre ce ton. Il se dit qu’il venait vraiment de le contrarier. Madi continua d’avancer, croisa Borz qui restait sans bouger, puis le dépassa. Mais juste après quelques pas Borz l’interpella de nouveau dans une vois étouffé par les sanglots.
- Je vous en supplie seigneur Madini Nâ. Laissez-moi également vous accompagner à Pompey. Je peux vous montrer que je peux être d’une très grande utilité tout en restant discret.
Madi se retourna et vit Borz, un genou à terre et les yeux fixant le sol. Il se mit à faire marche arrière en direction de Borz tout en réfléchissant. "C’est vrai, se dit-il. Je l’ai toujours considéré comme un enfant téméraire, sans jamais lui accorder trop d’attention. Mais avec ce qu’il se passe en ce moment je ne suis sûr de rien. Est-il judicieux de l’emmener avec moi maintenant ?" Madi posa délicatement sa main sur la tête de Borz. Ce dernier releva la tête, les yeux remplis de larmes. Le seigneur Madi lui sourit. "Prépare tes affaires. Nyna et Shep pourraient sûrement avoir besoin de tes services." Borz bondit d’un coup en hurlant de joie et se mit à sautillait dans tous les sens. Madi lui dit d’arrêter de faire le pitre et de se dépêcher de se préparer. Borz le Loup, courut vers sa chambre le cœur léger et l’esprit apaisé.

Après avoir dit au revoir à sa femme et ses deux enfants, Madi enjamba sa monture tandis que Kimi et Borz s’afféraient toujours à installer leurs derniers bagages.
- Je suis content que tu fasses parti du voyage tête de loup ! Tu mettras un peu d’ambiance, dit Kimi de très bonne humeur.
- Tu crois que je viens pour faire le clown, rétorqua Borz. Pour moi ce n’est que le début de mon voyage initiatique. Et j’espère bien qu’on rencontrera quelques brigands !! dit Borz en bombant le torse.
- Quoi ?!
- Oui. Comme ça je pourrai observer les techniques de seigneur Madi et les apprendre, chuchota à mi-voix Borz tout en mimant des gestes d’épée dans le vide.
Les deux garçons éclatèrent de rire. Bien qu’ayant des caractères très différents, Kimi et Borz s’entendaient à merveille. Ils avaient le même âge, partageaient les mêmes activités, le même enseignement et le même rêve : devenir chevalier à la garde royale de Pompey. Borz était le fils d’un serviteur et vivait dans une petite maison avec sa famille près de la résidence principale où vivait Kimi et le reste de la famille des Nâ. Mais ils se côtoyaient depuis l’âge de 6 ans lorsqu’ils commencèrent à suivre l’enseignement obligatoire pour toutes les personnes vivant dans le domaine de la famille Nâ.
- Allez ! Au lieu de fanfaronner, dépêchez vous de mettre le pied à l’étrier, s’exclama Madi. Shep et Nyna nous attendent à 500 mètres en contrebas. Je les ai chargés de récupérer un colis pour la reine.
- Oui seigneur Madi, répondirent-ils en chœur.
- Mais seigneur Madi, commença à demander Kimi, pourquoi avez-vous répondu à la convocation de la reine alors que vous ne faites plus partie de la garde royale ? Cela m’échappe
- Bien que je ne fasse plus partie de la garde royale, je suis toujours un chevalier et un seigneur de Pompey. Je me dois de répondre à sa convocation.
- Mais c’est étrange car vous n’avez pas répondu aux précédentes ?! surenchérit Kimi.
Madi leva la tête et ses pensées se perdirent dans les quelques nuages émaillant le ciel bleu. Puis d’un air plus grave que d’habitude il répondit à Kimi :
- Cette fois-ci la situation est différente Kimi… Les Clans ont commencé à se mobiliser un peu partout dans le royaume…
Le seigneur Madi, Kimi de la famille Gâ et Borz le Loup se mirent alors en route.

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